17/03/2006

Je pleure pour mes yeux


...de notre errance, encre sur papier, 92x84, kludzen/2005

Pour moi prendre des photos devient tout un problème. Je fais des images de la vie africaine de loin, distant même...Mon appareil m'encombrant plus qu'il ne m'arrange. Je le sens trop imposant, disproportionné, trop moderne aussi et anachronique face à ces visages démunis, face à cette pauvreté...
Il me gêne, et ça me gêne...
Alors j'erre photographiquement, prennant les personnes vraiment quand elles deviennent intimes, et encore, très peu. Tout est différent, tout est image, et pourtant... Je pense aussi des fois arrêter toute image, même la peinture et le dessin pour me consacrer peut-être seulement aux mots. Tout matériel me devient pesant, j'ai envie de marcher nu avec un stylo et une feuille comme seul compagnon d'arme...et encore...
Il faudrait aussi que je restreigne mon territoire avant que je ne me perdre dans un, trop vaste...Je pense quelque fois à mon retour en France et puis j'oublie. Que faire...Je vais peut-être me consacrer à la construction d'un pont dans le désert et attendre que l'eau y coule,juste en-dessous ; et puis avec un peu de chance elle passera juste à côté. Alors j'en construirais un autre, nouveau, différent et plus adapté que le premier....
Je suis certainement en fuite, en errance, à la recherche d'un non-lieu...
Ma vie est souvent faite aussi de grosses et belles bulles phantasmagoriques qui viennent, de façon régulière, heurter le dur sol de la réalité. Ainsi libéré de ce voile ennivrant, je respire, certe avec difficulté mais je respire. L'air ambiant de la vraie vie est souvent dur à supporter mais ce fardeau d'oxygène, peut-être moins euphorisant, en reste tout aussi sensible...
Et oui, des fois il faut savoir avancer pour mieux reculer ou l'inverse mais c'est plus drôle ainsi...Le problème d'être trop conscient peut-être...
L'absurde volera toujours au-dessus de nos têtes qui dansent la courbe des roseaux...

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